Restauration des cours d’eau : problématiques et solutions

Les problématiques identifiées

L’habitude ou la méconnaissance conduisent à des pratiques parfois peu respectueuses de nos cours d’eau.

Concernant nos cours d’eau, dits « non domaniaux », la berge ainsi que le fond du lit appartiennent à des propriétaires privés. Le code rural définit les obligations des propriétaires dont l’obligation d’entretien des cours d’eau.

Dans le cadre de ses missions, l’EPAGE Viaur accompagne les propriétaires riverains afin d’adopter des comportements plus respectueux des cours d’eau et répondant aux activités du territoire.

Aujourd’hui, les interventions menées par l’EPAGE du Bassin Versant du Viaur se concentrent essentiellement sur les petits cours d’eau, près des zones de sources où les enjeux de préservation des milieux aquatiques restent importants. Les axes principaux ne peuvent pas fonctionner correctement si les petits axes qui les alimentent sont dégradés : « Les petits cours d’eau font les grandes rivières »

Travaux de mise en défens
Travaux de mise en défens

Les étapes nécessaires pour intervenir en cours d’eau :

  • Établir un état des lieux : prospecter l’ensemble des cours d’eau pour recenser le type d’altération morphologique (linéaire ou ponctuelle). La saisie ainsi que la mise en forme des données permettent d’établir des cartes « état des lieux ».
  • Identifier les enjeux : Après analyse des données, les enjeux sont identifiés par secteur.
  • Proposer des actions adaptées : Définition du type et de la fréquence d’intervention.
  • Réaliser les interventions : le programme d’actions, établi lors de la 4ème étape, peut alors débuter avec la réalisation de travaux sur les milieux aquatiques.

ATTENTION : les travaux en cours d’eau nécessitent un vrai savoir faire et parfois des autorisations du service de la police de l’eau.

N’hésitez pas à nous contacter pour toute information :

Quelques exemples de dégradation de nos cours d'eau :

le piétinement et l’absence de végétation

En terre d’élevage par excellence, les exploitations doivent satisfaire les besoins en eau des troupeaux au pâturage. Comme pour l’alimentation fourragère, l’autonomie en eau sur les exploitations est une priorité. La qualité de l’eau, élément de base comme l’herbe ou le fourrage, doit être considérée avec attention car elle contribue à l’amélioration des rendements du troupeau, qu’il soit laitier ou à viande.

L’accès à un point d’eau sur les parcelles est parfois privilégié. Cependant, si cet abreuvement n’est pas correctement organisé il est source de problème pour la qualité du cours d’eau mais aussi pour les animaux :

  •  L’abreuvement des bêtes directement aux cours d’eau peut favoriser l’apparition de maladies ou le développement de certains comportements problématiques : Il faut se préoccuper de la présence de virus, de bactéries, de cyanobactéries, de protozoaires et d’algues dans l’eau d’abreuvement du bétail. Plusieurs genres de bactéries et de virus, y compris ceux qui provoquent la diarrhée, peuvent être transmis par une eau d’abreuvement contaminée. L’augmentation de la concentration en éléments nocifs entraine une diminution de la productivité et une augmentation des risques sanitaires pour les animaux.
  • la vie du cours d’eau : les animaux qui accèdent directement au cours d’eau mangent la végétation des bords de berges ce qui génère de l’érosion, piétinent dans le cours d’eau et y défèquent.

La présence des animaux engendre donc une augmentation de sable et de limons au fond du cours d’eau ce qui entraine une diminution de diversité (habitats et espèces), l’augmentation du comblement du lit, l’augmentation de la largeur du cours d’eau et une diminution de la hauteur d’eau : ces phénomène sont à l’origine du colmatage du fond du lit des cours d’eau

Illustration du piétinement
Illustration du piétinement
Illustration du piétinement
Illustration du piétinement

Découvrez les solutions proposées et mises en œuvre sur le bassin versant du Viaur :

Des solutions pour l’abreuvement du bétail :

Des solutions pour le franchissement d’un cours d’eau:

le recalibrage des cours d’eau

La diminution du nombre de méandres pour faciliter l’exploitation des parcelles occasionne l’augmentation des vitesses d’écoulements ce qui a pour effet :

  •  l’augmentation des dégâts sur les biens et personnes situés en aval en période de crues,
  • l’enfoncement du cours d’eau ce qui génère le drainage de la parcelle qui accentue le phénomène (plus de volume d’eau, plus de vitesse et donc plus de force)
  • lorsque le lit du cours d’eau s’enfonce les débordements sont moins fréquents, les zones d’expansion de crues dans des secteurs où il y a peu d’enjeux (biens et personnes) ne sont plus fonctionnelles

C’est pourquoi il est préférable de laisser le cours d’eau déborder dans des secteurs ou il y a peu d’enjeux (personnes et biens) identifiés comme zones d’expansion afin de limiter la vitesse et le volume d’eau dans des secteurs à enjeux : c’est la gestion différenciée.

Illustration du recalibrage
Illustration du recalibrage
Zone d'expansion de crue permettant de limiter les dégâts en aval sur des zones
Zone d'expansion de crue permettant de limiter les dégâts en aval sur des zones habitées

Des solutions  : le reméandrage ou renaturation du cours d’eau

La renaturation des cours d’eau consiste à leur redonner un aspect proche de leur état naturel d’origine afin de retrouver une faune et une flore diversifiées. Ces actions assez novatrices sur le Bassin Adour-Garonne concernent les berges ainsi que le lit de la rivière.

Le but est de retrouver une dynamique naturelle avec un tracé en conformité avec sa typologie naturelle. Sur le bassin versant du Viaur, de nombreuses parties de petits cours d’eau ont été déplacées en bordure de parcelles sur des points « hauts » alors que naturellement l’eau doit passer au point bas de la vallée.

Reméandrage et plantations
Reméandrage et plantations
Carte : Les travaux réaliséspar l'Equipe d'Agents de l'EPAGE Viaur depuis 2012
Carte : Les travaux réalisés par l’équipe d'Agents de l'EPAGE Viaur depuis 2012

Un chantier pilote : renaturation du Lieux

Préparation du chantier

  •  Au préalable, prise de contact avec le propriétaire et/ou l’exploitant
  • Explications et acceptation du projet suite à différents échanges auprès des élus lors d’un conseil municipal et auprès de l’exploitant.
  • Mise au point sur les particularités techniques et règlementaires avec l’OFB.
  • Définition d’une station dite « de référence » non impactée permettant de considérer certains éléments à titre d’exemples (largeurs,…). Sur le Lieux, la portion retenue se situe en aval immédiat.
  • Récolte de données sur le terrain permettant de réaliser le dossier loi sur l’eau : Inventaire faunistique et floristique réalisé au préalable dans le cadre du classement en ENS du site de « l’Etang de Bonnefon », relevé topographique sur 3 parties (station déplacée, partie projet et portion « référence »). A l’issue réalisation des plusieurs profils en long et en travers. Descriptifs complets de la zone déplacée et celle située en aval immédiat. Mesures des longueurs, largeurs, détermination de la granulométrie principale et accessoire.
  • Montage du dossier règlementaire (Prestation interne) : Réalisation d’une diachronie, étude des différentes ortho photos issues du site « Remonter le temps » pour essayer de déterminer la période où le Lieux a été déplacé. Détermination d’un gabarit de forme : Hauteurs plein bord et largeur plein bord. En fonction des pentes, détermination des proportions de faciès. Alternance de radiers, plats et mouilles. Application d’un coefficient de sinuosité, de points d’inflexions, d’une amplitude. Détermination des gabarits par faciès selon les relevés réalisés sur la station de référence. Intégration des travaux connexes : Clôtures, plantations, abreuvoirs, passages empierrés. Prise en considération des incidences prévisibles sur les espèces présentes sur site. Mesures de conservations.
  • Dépôt et instruction du dossier sous forme d’autorisation temporaire : DDT Service Police de l’Eau
  • Pêche électrique de sauvetage : Mise en place de filets amont et aval afin d’isoler la zone de travaux.

Réalisation du chantier

  • Piquetage permettant de déterminer le tracé sur le terrain, positionnement d’un piquet à chaque changement de faciès en y inscrivant la différence d’altitude. Photo 1
  • Mise en place d’un filtre géotextile en aval de la zone de travaux.
  • Déblai depuis l’amont en prenant soin de conserver un bourrelet de terre. Opération réalisée à l’aide d’un niveau laser. Photo 2 et 3
  • Accumulation du déblai le long de la partie à reboucher.
  • Réalisation des 3 passages empierrés.
  • Prélèvement du substrat présent sur la portion déplacée. Photo 4
  • Répartition de ces éléments dans le nouveau lit sur une épaisseur uniforme d’environ 20cm. Disposition d’éléments grossiers de manière aléatoire (1 à 2 par m²). Photos 5 et 6
  • Réalisation d’un bouchon pour isoler la partie déplacée.
  • Création d’un puit en périphérie (dans la partie rebouchée) en prévision d’alimentation d’un bac d’abreuvement. Photo 7
  • Mise en eau. Photo 8
  • Dépose des filets ainsi que du filtre géotextile.
  • Clôtures et plantations : Aulnes, Saules, Aubépines, Pruniers, Frênes, Pruneliers, Chênes, Fusains, Tilleuls.
  • Mise en place d’un bac d’abreuvement.
Le lieux - Avant travaux
Le lieux - Avant travaux
le Lieux pendant les travaux : création du lit
le Lieux pendant les travaux : création du lit
Le Lieux - Chantier terminé
Le Lieux - Chantier terminé
Le lieux : retour de la biodiversité
Le lieux : retour de la biodiversité

Le chantier du Lieux en quelques chiffres :

  • 330m de cours d’eau restaurés.
  • 700m de clôtures barbelés.
  • 600 plants.
  • 3 passages empierrés.
  • 1 bac d’abreuvement.
Coût du chantier tout compris : 22 500 €
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